Une question que nombres de pêcheurs se posent souvent, durant la traque de notre belle mouchetée, que se soit à la mouche, au toc ou toute autre technique, savoir ce que voit la truite est très importante. Voici un article d'Erich Tölderer, spécialiste de la pêche à la mouche et titulaire d'un doctorat en hydrobiologie autrichien.
QUE SAIT-ON EXACTEMENT ?
Sans perdre de vue que, si l'on a quelques notions sérieuses sur la perception qu'a la truite de son univers, univers dont nous pêcheurs faisons partie, on ignore en revanche tout de son interprétation.
En effet, si les objets passant à la verticale, oiseau envol par exemple, lui sont parvenus avec une concordance parfaite avec le réel (la truite voit l'oiseau tel qu'il est), à l'inverse plus les objets sont situés près du sol de la berge, plus ils sont déformés, écrasés en quelque sorte.
Il existe même un angle mort où sa vision est nulle (croquis n*l).
- Première conséquence : un pêcheur rampant sur la berge aura toutes les chances d'observer sans être vu.
- Deuxième conséquence : plus une truite est loin de la surface de la rivière, plus son champ de vision est grand, plus elle est proche de la surface de l'eau, plus son champ de vision est réduit.
L'ŒIL DE LA TRUITE
L'œil de la truite est une mécanique extrêmement sophistiquée, qui lui donne un énorme avantage sur l'homme : chaque œil a un champ de vision de 180°. Ce mécanisme est le résultat d'une adaptation remarquable pour sa survie.
En effet, ne pouvant tourner la tête comme nous le faisons pour élargir notre champ d'observation, la truite a perfectionné son système optique, qui est un des plus performants sur la planète.
Que se passe-t-il exactement Tout simplement chaque œil est autonome et grâce à cette vision monoculaire est capable de distinguer, simultanément, tout mouvement dans son champ de vision, de chaque côté de la tête. Véritables champs d'études, les champs monoculaires sont ensuite complétés par la vision de face, binoculaire, où la truite peut apprécier la distance de l'objet en mouvement.
Pour résumer simplement :
La truite en train d'observer votre artificielle dérivant vers elle, vous observe en même temps sur la berge latérale.
Autre intérêt : toute nourriture potentielle dérivant à la surface (par exemple votre artificielle) aura toute les chances d'être prise, si elle dérive dans le champ de vision frontal de la truite où opère sa vision binoculaire.
D'où la nécessité de "viser juste"
LA TRUITE DISTINGUE-T-ELLE LES COULEURS ?
La réponse est, indubitablement oui. Les expériences à l'aide d'implantations d'électrodes conduites dans différents laboratoires à travers le monde l'ont prouvé. La truite est capable de distinguer non seulement les couleurs elles-mêmes, mais encore les différentes nuances d'une même couleur. Ces expériences ont également prouvé l'extraordinaire capacité d'adaptation des truites, ce que la plupart d'entre nous ont bien souvent pu constater avec des truites dont l'éducation était évidente.
La couleur que la truite reconnaît le plus facilement est le rouge. Par ordre décroissant, viennent ensuite l'orange et le jaune. A ce propos, il me souvient certain jour de brouillard où telle audacieuse mouche aux ailes de feu fit merveille sur de jeunes truites... non éduquées bien entendu.
Le vert et le bleu sont les couleurs les moins reconnaissables pour la truite.
LA TRUITE ET LE PECHEUR
D'autres expériences, conduites au Etats-Unis à l'aide de caméras placées sous l'eau, ont mis en évidence d'une manière indubitable certains faits très intéressants que nombres d'entre nous ont pu constater au cours de leurs sorties, mais de manière empirique. Elles ont en particulier montré comment les truites pouvaient voir les flashes lumineux que produisaient les cannes recouvertes de vernis brillant au cours de leur action par différents types de luminosité, et le réflexe de prudence qu'ils engendraient chez les truites. Puis leurs réactions totalement différentes, allant de l'agacement passager à l'indifférence totale, au cours des mêmes expériences, mais conduites avec des cannes recouvertes de vernis mat, provoquant peu ou pas de flashes.